La navigation sur device mobile ne cesse de gagner des parts de marché par rapport aux ordinateurs de bureau, les géants du web se devaient donc de proposer  une expérience utilisateur améliorée et un chargement des contenus encore plus rapide. 

D’ici 2021, les mobiles devraient atteindre 61% du trafic Internet mondial.

L’AMP ou « Accelerated Mobile Pages » est né en 2015 de la volonté de Google d’offrir au monde sa version d’une technologie pour naviguer plus rapidement sur mobile mais aussi de concurrencer Facebook avec son « Instant Article » et Apple avec les « Apple News ». 

Un site mobile allégé

Google s’est donc lancé dans la bataille, propulsant un nouveau protocole de son cru, l’AMP. Il est vrai que depuis plusieurs années, les bonnes pratiques du web s’étaient perdues avec l’émergence de sites internet de plus en plus monstrueux au fil des années.

La promesse de Google est donc de rendre vos page web plus légères afin de les afficher plus rapidement grâce à 3 technologies :

  • AMP HTML, soit un langage html allégé en balise ou le remplacement des balises par d’autres balises AMP spécifiques.
  • AMP javascript, un framework spécialement conçu pour mobile qui gère la gestion de ressources et le chargement asynchrone. Le CSS est lui aussi impacté par cette cure d’amincissement, avec notamment certains sélecteurs particulièrement gourmands qui ne sont plus pris en compte.
  • AMP cache, est un CDN (Content Delivery Network) qui va mettre en cache vos pages AMP sur les serveurs de Google et les distribuer en HTTP 2 pour augmenter encore la vitesse d’affichage.

La vitesse de chargement du contenu est-elle vraiment le nerf de la guerre ?

Pas si sûr. Même si la vitesse est cruciale pour générer du trafic et réaliser des ventes, l’industrie Nord américaine du web vit en grande partie des revenus publicitaires en ligne, et ne pas être leader dans ce secteur, c’est perdre une somme astronomique de revenus financiers. 

Grâce à l’AMP,  vos revenus publicitaires et par conséquent ceux de Google vont augmenter, car vous serez est en mesure de contourner des bloqueurs de publicités type « AdBlock » et d’imposer des format plus intrusifs de publicité. 

Et pour imposer au monde son nouveau protocole AMP, pas de problème, Google met en avant dans son moteur de recherche, les contenus AMP en les propulsant en haut de page des résultats de recherche et dans un carrousel spécialement dédié aux contenux AMP.

Mais quel est le problème alors ?

Votre visiteur ou client va, en fin de compte, rester prisonnier de l’écosystème Google. En effet, s’il clique sur un résultat de recherche « AMP », il est redirigé vers le cache Google pour en afficher le contenu, le tout derrière une url du type https://www.google.fr/amp/www.monsite.com/article1. Même si votre chargement de page est en dessous de la barre fatale des 3 secondes, votre taux de rebond peut augmenter, car si votre contenu apparaît dans le carrousel d’actualité Google, d’un simple geste du doigt vers la droite ou vers la gauche, votre visiteur  s’envole vers un autre site. En regardant l’url, il peut aussi penser qu’il n’est pas sur votre site et partir sans même avoir lu l’information disponible*.

*Depuis Google a corrigé le tir en ajoutant, sous la barre d’url, un bouton affichant la bonne adresse internet et un lien vers celle-ci (au détriment de l’espace réservé au contenu)

Il y a aussi un aspect plus gênant, car Google utilise votre contenu pour capter vos visiteurs et les garder sur ses propres serveurs. Cela a d’ailleurs mis le feu aux poudres entre la France et Google, notamment sur l’application d’un « droit voisin » qui permettait aux éditeurs de presse d’être rémunérés par Google en cas d’utilisation d’extraits d’articles et de vidéos.

Question environnement, ces quelques secondes de chargement gagnées valent-elles la peine par rapport à l’impact carbone généré par des serveurs qui ne font que stocker des contenus déjà présents sur d’autres serveurs ? Car au final, ce sont 3 versions de votre contenu qui seront disponibles sur la toile, votre version HTML normale, votre version AMP et la version AMP sur le CDN de Google.

Sans oublier les problèmes de compatibilité de tous vos modules javascript existants que vous utilisez actuellement pour le marketing. Prenons l’exemple d’Ebay qui a travaillé sur une déclinaison de toutes ses pages en AMP (plus de 8 millions) et qui explique avoir rencontré des difficultés et pointe des lacunes notamment en matière de web marketing et d’A/B testing ainsi que l’absence d’importantes fonctionnalités.

En conclusion, si vous désirez diffuser le contenu sur mobile de votre blog ou si vous avez un site d’actualité, cette technologie est pour vous. En revanche, si vous avez un site d’e-commerce, il est préférable d’attendre que cette technologie évolue encore car, pour le moment, elle est encore très complexe à mettre en oeuvre et risque de vous pénaliser en terme d’attractivité auprès de vos clients. En revanche, il ne faut pas négliger cette technologie, car il est fort probable qu’elle s’impose dans un avenir proche aussi bien pour la navigation sur mobile que sur desktop.