Les nouveaux modes de livraisonOn le sait bien, l’ultime obstacle à la généralisation totale du e-commerce demeure le délai de livraison. En 2013, Amazon crée le buzz  avec sa livraison par drones ! Depuis, toutes sortes d’innovations sont apparues. L’arrivée en force des robots et des véhicules autonomes peut-elle disrupter le marché de la logistique ?

Toutes les questions qui concernent le sujet de la livraison sont désormais conceptualisées sous l’appellation “Mobility On Demand” (MOD). Ce nouveau concept retient le principe que le transport devient une marchandise à part entière, et la forme que prend le transport a une valeur économique calculée sur différents critères comme :

  • le coût
  • le temps de trajet
  • le temps d’attente
  • le nombre de connexions
  • les commodités

Le MOD comprend également le mode de consommation des ménages, comme par exemple les lieux physiques depuis lesquels les commandes sont passées (maison, bureau, transport en commun), pour autant, le transport est la principale composante du concept.

Les startups Uber Eat, Postmates, Doordash ou encore Deliveroo ont été les premières à disrupter le marché en s’engouffrant dans une faille juridique, celle qui consiste à recourir à des particuliers pour réaliser des missions de livraisons jusqu’alors, réservées uniquement aux professionnels. Depuis, la jurisprudence est passée par là. Dans un arrêt n°1737 du 28 novembre 2018, elle a statué pour la première fois sur la qualification du contrat liant un livreur à une plate-forme numérique. La chambre sociale a reconnu l’existence d’un lien de subordination unissant un livreur à la plate-forme numérique, qui est de nature à lier un salarié à un employeur, et ce même s’il n’était lié par aucun lien d’exclusivité à la plateforme et choisissait les jours et heures où il travaillait.

Dans le même temps, les services de messagerie à la demande, ont eux aussi, connus un développement très fort. Côté consommateur, la suppression des déplacements physiques pour accéder aux biens et services est devenu un réflexe aux regards des multiples avantages que cela apporte. Côté entreprise, cela permet de se rapprocher du “zero stock” et de réaliser de très fortes économies. Preuve de l’évolution des mentalités, le secteur des abonnements pour les produits cosmétiques, pour ne citer que celui-ci, a explosé. C’est bien la convergence de l’évolution de la mentalité des consommateurs et des technologies qui est à l’origine de la transformation en profondeur de notre société de consommation. Même la livraison des produits frais est désormais possible avec des acteurs comme Amazon Fresh, Postmates ou instacart.

Si le délai de livraison est un enjeux majeur, l’empreinte carbone l’est tout autant. Le parc automobile français a presque doublé entre 1983 et 2017, pour atteindre 54 millions véhicules. Le temps passé dans les bouchons a lui aussi augmenté de 11% entre 2016 et 2017. Les villes sont donc extrêmement sensibles à l’impact de la multiplication des transports en tous genres. Cela concerne l’empreinte écologique mais aussi les nuisances sur le trafic, le bruit et la sécurité des biens et des personnes. Des acteurs comme “Vert chez vous” ont donc toute leur place, puisqu’ils utilisent des véhicules propres fonctionnant soit à l’électrique, soit au VPN. Dans le même temps, les particuliers, sont mûrs pour se tourner toujours plus vers une économie de partage, qui peut s’avérer parfois assez lucrative, on parle ici de “crowdshipping”. Par conséquent, les applications collaboratives sont en pleine explosion et favoriseront les innovations.

Amazon Key permet la livraison d’un colis, soit dans le coffre de sa voiture, soit à son domicile ou encore dans votre garage.

Kroger utilise des véhicules autonomes pour livrer des courses à Scottsdate, en Arizona.
C’est en partenariat avec la Startup Nuro, de Silicon Valley, que Kroger propose un service de livraison à domicile. Les véhicules sont sans conducteurs, et transportent uniquement des marchandises. La livraison est facturée 5,95$, sans minimum de commande.

Scout est un robot capable de livrer à domicile des colis. Il se déplace à la vitesse d’un piéton, il sait éviter les obstacles ordinaires (animaux, voitures, vélos, arbres, clôtures….). Pas plus grand qu’une glacière, il est actuellement testé par Amazon à Seattle.

La startup Shopopop est une plateforme qui propose à des particuliers de livrer pour le compte d’autres particuliers, en contre-partie de quoi ils recevront quelques euros, 6 minimum.

ParcelHome est une boite électronique que l’on installe à son domicile ou à son bureau pour recevoir des colis ou déposer des colis.

Amazon Locker ou Consigne Pickup, proposé par la poste, apportent une réponse alternative à la livraison.

Pour le e-commerçant, cela lui permet de réaliser des économies importantes car les consignes sont regroupées au même endroit; tout est donc centralisé et sécurisé. Il peut même s’en servir pour les retours et réclamations.

Pour les clients, c’est pouvoir disposer de son achat dans un délai d’un jour, et de pouvoir le récupérer à des horaires étendus.

En ce qui concerne les drones, Amazon reste convaincu, mais il y a plusieurs obstacles à franchir, que sont :

  • la législation qui ne permet pas de faire voler des drones n’importe où
  • les batteries, dont l’autonomie n’est pas infinie
  • la distance maximum  à laquelle la livraison est possible
  • le poid maximum supporté

En parallèle, d’autres expériences sont actuellement conduites par Starship Technologies, sur des drones terrestres capables de transporter des poids bien plus lourds.

Après ce tour d’horizon du futur, en matière de logistique dédiée au “dernier kilomètre”, on s’aperçoit qu’il y a une grande disparité au niveau des solutions. Il y a aussi une grande disparité au niveau des pays et de leurs législations. Il ne s’agit donc pas uniquement de technologies.

Il s’agira donc pour les pays, les villes et ceux qui les gouvernent de préparer l’avenir de sorte à satisfaire à la fois les enjeux écologiques, sociaux et économiques.