Chez l’enfant, vers 7 ans, les notions de bien de mal lui font prendre conscience de ses actes : c’est l’âge de raison. C’est vers cet âge que sa perception de la justice et de la liberté commencent à formater l’adulte qu’il sera.

 

Pour le web cet âge arrive vers 30 ans.

À l’heure où son fondateur, Tim Berners-Lee, nous met en garde contre ses dérives, le petit-web est arrivé à cet âge où l’on commence à attendre de lui qu’il s’insère dans un système. Durant sa petite enfance, ses trente premières années, il a eu tout le loisir d’expérimenter, jouer, faire des bêtises. Il a grandi avec de mauvaises habitudes, à un point que personne n’aurait pu imaginer, et surtout, en l’absence de modèle parental respectable. Né dans la philosophie de la neutralité, il a grandi dans les valeurs propres aux conglomérats américains, aux multinationales. Il a offert sans retenue la parole aux anonymes qui n’avaient jamais parlé, mais aussi à ceux, qui n’auraient jamais dû parler.
 

Aujourd’hui le système, tel un conseiller d’éducation, qui se retrouve face à un enfant qui n’a jamais connu aucune autorité, doit lui inculquer le bien et le mal ; lui dicter des limites à ne plus franchir. Deux méthodes éducationnelles s’appliquent. D’un côté le tout autoritaire, à la chinoise, qui très tôt a coupé l’herbe sous le pied des GAFA occidentaux au profit d’autres, contrôlés par l’État. Et de l’autre côté, le tout mou, à l’européenne, qui applique dix ans trop tard des législations qui de toutes façons sont bafouées par les mauvais élèves de la classe, les GAFA justement.

Dans un cas comme dans l’autre, le petit-web est contraint, à présent, d’évoluer dans la cours des grands, sous l’œil attentif des pions : l’opinion public et l’État. Car ces deux acteurs là, voient en lui, à la fois une force et une faiblesse qu’il incombe de maîtriser absolument.